Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/01/2017

Lu ce matin ♣♣♣ Beau Masque - Mont-Cinère

De derrière mes grandes lunettes qu'ai-je lu ce matin ?  Eh bien, entre autre cette pensée de Tennessee Williams, dans le Daily Ray of Hope de ce matin :

 

What is straight ? A line can be straight, or a street, but the human heart, oh, no, it's curved like a road through mountains.

 

Qu'est-ce qui est droit ? Une ligne peut être droite, ou une rue, mais le cœur humain, oh, non, il est en lacet comme une route à travers les montagnes.

 

Je suis dans une période où je lis tantôt Roger Vailland, tantôt un autre livre dont je parlerai aussi un peu.  Beau Masque, de Roger Vailland donc,  oblige à une certaine concentration et  ancre son lecteur ou sa lectrice,  dans une dure et cependant stimulante réalité côté paysans et ouvriers ; nous sommes dans des "intrigues" de gestion qui débouchent sur des drames humains. La lutte des ouvriers pour leur survie, ouvriers que Roger Vailland  montre adultes précoces face à l'infantilisme inconséquent d'intrigants  cependant très "pieds sur terre" eux aussi car ils sont gestionnaires de pied en cap. La vie se trouve côté ouvrier sous le regard de Roger Vailland, en plein engagement communiste, de l'autre côté, ce serait plutôt mortifère, n'était la touchante sensibilité de Philippe, fils de patron qui s'éprend des beaux yeux noirs de la jeune syndicaliste, et de l'humanisme d'un financier qui se trouve être le beau père de ce Philippe.

 

L'autre livre est de Julien Green, de parents américains, il vivait en France et écrivit ses livres en français pour la plupart ; il ne découvrit son pays l'Amérique que plus tard. Julien Green parle de femmes dans son roman qui s'intitule Mont-Cinère. Je ne suis arrivée qu'à la page 44, déjà abasourdie  par sa manière de sentir les trois malheureuses femmes, surtout la petite fille, élevée sans amour, par obligation, par une mère d'une froideur impressionnante. Heureusement, la grand-mère arrive, tel un cheveu sur la soupe pour sa fille. Cette grand-mère possède un franc parler qui peut devenir insultant, mais les insultes dans sa bouche,  quand elles sont à l'adresse de sa petite fille n'ont pas grande portée sur elle car elles ne sont pas vraies, la grand-mère rabroue pour rabrouer, ne pense pas vraiment ce qu'elle lui dit. L'enfant, aux apparences d'adulte le sent et en est presque vivifiée, car sa mère, au contraire de la grand-mère,  malgré son aspect lisse et doux, au fond n'éprouve pas la moindre tendresse pour elle. On est pris de compassion pour ces femmes. Pour l'homme fuyant que fut le père de la fillette en question,  outre l'incompréhension d'une telle hostilité froide et absurde à l'encontre de son enfant, je n'ai rien ressenti d'autre à vrai dire... je n'ai fait que constater l'absurdité de son comportement vis-à-vis d'Émilie.  Julien Green montre un milieu de déclassés bourgeois côté mère et de gens aisés côté père. Rien sur la vie des domestiques pour l'instant... mais j'imagine que ce sont eux qui devaient apporter un peu de vraie douceur dans cette maison que décrit Julien Green, aux apparences de prison.

Un extrait :

 

"Sa grand-mère engageait avec elle des conversations qui duraient parfois des heures et dans lesquelles Émily, d'ordinaire si peu bavarde et si timide, se laissait aller à toutes sortes de réflexions et de confidences. Ce qu'elle aimait surtout, dans ces conversations, c'était que Mrs Elliot lui parlait exactement comme à une grande personne et ne lui faisait jamais sentir qu'elle n'était qu'une petite fille ignorante qui ne savait même pas ses lettres. Cela lui donnait du courage, et elle s'abandonnait avec émotion au plaisir, jusqu'alors inconnu, de dire les pensées qui l'avaient occupée dans sa solitude."

 

Julien Green Mont-Cinère, page 40, Aux Éditions du Livre de Poche

 

 

10:23 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)