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13/11/2014

Art thérapie puis , Thomas Cool : un peintre Hollandais

J'ai trouvé un livre de Lisa Magano,  les dessins sont d'elle je pense, superbes : des mosaïques, des mandalas si l'on peut dire, des masques indiens... spirales ou rythmes par motifs répétés en cadence, et écriture : des phrases écrites en ligne droite ou courbes, des arabesques de phrases. Et tout cela à colorier. Je vais offrir ce livre à un service hospitalier qui en fera des photocopies pour les patients que ça intéresse à mon avis. Le livre s'intitule "100 messages - pensées apaisantes à colorier". Je vous en donne quelques-unes au hasard :

"Je suis un arbre solidement enraciné."

 

"Prendre un arbre dans ses bras."

 

"Marcher dans un ruisseau."

 

"Un moment de solitude est une chance."

 

des lettres de différentes formes aussi, qu'il faut colorier, dessous ou à côté de ces dessins fabuleux. j'achète. Et non, ça, ce n'est pas du consumérisme.

 

une vidéo de you tube pour avoir une idée du travail de Lisa Magano :

 

 

 

 

 

Restons dans la peinture avec Thomas Cool qui affirmait ne jamais peindre ce qu'il voyait mais vouloir se transporter avec la peinture vers quelque chose de plus élevé.... ma mémoire m'a fait défaut, il aurait exprimé quelque chose d'un peu différent, que le chroniqueur rapporte ainsi :  "ne jamais peindre ce qu'il voyait... mais ce qui  transportait ses yeux vers une vie plus élevée" ...  ambitieux ! ( pas snob, j'espère ! un peu  orgueilleux presque mais les mots ne sont que des mots parfois, maladroits comme des albatros sur le pont d'un bateau.) D'aucuns puisent dans un monde intérieur riche d'images... riche de toute une cosmogonie et lui "transporte ses yeux vers ..."  Il extérioriserait  son regard autrement dit, tout simplement  ? Ou alors non, il peint par exemple un paysage de rêve, de son monde intérieur, c'est le - ce -,  qui une fois mis en peinture va l'emmener par le regard vers une vie plus élevée... et pour le coup, ça n'a plus rien d'orgueilleux...  C'est ici : 

 

http://flandres-hollande.hautetfort.com/archive/2014/11/1...

 

 

 

 

     

17:03 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)

C'est ziperbe, répéta le baron de Batz, ché gomprends

Féval encore,  avec le roman du Bossu,  tonique avec ses personnages hauts en couleur : Cocardasse, le Gascon-Provençal, et Passepoil, le très laid et néanmoins très attachant Normand (une sorte de Gainsbourg avant l'heure,  chanteur qui  se trouvait laid quand nombre de femmes  le voyaient beau... question de regard sur soi)  Bref, revenons à Féval, tonique certes, mais aussi subversif en diable quand il s'agit de dénoncer les crapuleries d'argent. Dans l'extrait, on voit comment on simule pour  provoquer un clash boursier en vue de faire baisser les actions, puis remonter quand le tour est joué ; climat boursier  qui naquit sous la régence, (après la mort de Louis XIV, en attendant le futur roi qui était encore trop jeune pour régner.)  Law, semblerait être à l'origine de l'aventure du billet de banque et de la bourse. Fiction et réalité toute crue d'une époque, se mêlent. Spéculation, achat d'actions, revente d'actions ; actions que l'on nommait diversement : les actions mères, les filles, les petites-filles, les bleues qui étaient les dernières actions achetées au moment du clash  provoqué dans cet extrait :

 

 

 

"— Une fureur ! s'écrièrent-ils, une folie ! Elles font trente et trente-cinq au cabaret de Venise  ; quarante et jusqu'à cinquante chez Foulon. Dans une heure, elles feront cent. Achetez, achetez !

 

Le bossu riait dans un coin.

 

— On te donnera un os à ronger, petit, lui dit Nocé à l'oreille ; sois sage !

 

— Merci, mon digne monsieur, répondit Esope II humblement, c'est tout ce qu'il me faut.

 

Le bruit s'était cependant répandu en un clin d'œil que les bleues allaient faire cent de prime avant la fin de journée. Les acheteurs se présentèrent en foule. Albret, qui avait toutes les actions de l'association dans son portefeuille, vendit en masse à cinquante au comptant ; il se fit fort, en outre, pour une quantité considérable à livrer au même taux sur le coup de deux heures.

 

Alors débouchèrent par la même porte donnant sur la rue de Quincampoix, Oriol et Montaubert avec des visages de deux aunes.

 

— Messieurs, dit Oriol à ceux qui lui demandaient pourquoi cet air consterné, je ne crois pas qu'il faille volontiers répéter ces fatales nouvelles, cela ferait baisser les fonds.

 

— Et, quoi que nous en ayons, ajouta Montaubert avec un profond soupir, la chose se fera toujours assez vite.

 

— Manœuvre ! manœuvre  !  cria un gros marchand qui avait les poches gonflées de petites-filles.

 

La paix,  Oriol ! fit  M. de Montaubert ; vous voyez à quoi vous nous exposez.

 

Mais le cercle avide et compact des curieux se massait déjà autour d'eux.

 

— Parlez, messieurs, dites ce que vous savez, s'écria-t-on ; c'st un devoir d'honnête homme.

 

Oriol et Montaubert restèrent muets comme des poissons.

 

— Ché fais fous le tire, moi, dit le baron de Batz qui arrivait ; tépâcle ! tépâcle ! tépâcle !

 

— Débâcle ? Pourquoi ?

 

— Manœuvre, vous dit-on.

 

— Silence, vous, le gros homme ! Pourquoi débâcle, monsieur de Batz ?

 

— Ché sais bas, répondit gravement le baron, zuingande bour zent te paisse !

 

— Cinquante pour cent de baisse ?

 

— En tix minides.

 

— En dix minutes ! mais c'est une dégringolade !

 

— Ya, c'est eine técrincolâte ! eine tésâsdre ! eine bânigue !

 

— Messieurs, messieurs, dit Montaubert, tout beau ! n'exagérons rien.

 

— Vingt bleues à quinze de prime ! criait-on aux alentours.

 

— Quinze bleues, quinze ! à dix de prime et du temps.

 

— Vingt-cinq au pair.

 

— Messieurs, messieurs, c'est de la folie ! l'enlèvement du jeune roi n'est pas encore un fait officiel.

 

— Rien ne prouve, ajouta Oriol, que M. Law ait pris la fuite.

 

— Et que M. le régent soit prisonnier au Palais-Royal, acheva Montaubert d'un air profondément désolé.

 

Il y eut un silence de stupeur, puis une grande clameur composée de mille cris.

 

— Le jeune roi enlevé ! M. Law en fuite ! le régent prisonnier !

 

— Trente actions à cinquante de vente !

 

— Quatre-vingts bleues à soixante !

 

— A cent !

 

— A cent cinquante.

 

— Messieurs, messieurs, faisait Oriol, ne vous pressez pas.

 

— Moi, je vends toutes les miennes à trois cents de perte ! s'écria Navailles, qui n'en avait plus une seule ; les prenez-vous ?

 

Oriol fit un geste d'énergique refus.

 

Les bleues firent aussitôt quatre cents  de perte. Montaubert continuait :

 

— On ne surveillait pas assez les du Maine, ils avaient des partisans. M. le chancelier d'Aguesseau était du coup, M. le cardinal de Bissy, M. de Villeroy  et le maréchal de Villars. Ils ont eu de l'argent par M. le prince de Cellamare. Judicaël de Malestroit, marquis de Poncallec, le plus riche gentilhomme de Bretagne, a pris le jeune roi sur la route de Versailles, et l'a emmené à Nantes. Le  roi d'Espagne passe en ce moment les Pyrénées avec une armée de trois cent mille hommes : c'est là un fait malheureusement avéré.

 

— Soixante bleues à cinq cents de perte ! cria-t-on dans la foule toujours croissante.

 

— Messieurs, messieurs,  ne vous pressez pas. Il faut du temps pour amener une armée des monts pyrénéens jusqu'à Paris. D'ailleurs, ce sont des on-dit ! rien que des on-dit...

 

— Tes on-tit, tes on-tit, répéta le baron de Batz. Ch'ai encore eine action ; ché la tonne bour zing zents vrancs ! foilà.

 

Personne ne voulut de l'action du baron de Batz, et les offres recommencèrent à grands cris.

 

— Au pis aller, reprit Oriol, si M. Law n'était pas en fuite...

 

— Mais, demanda-t-on, qui retient le régent prisonnier ?

 

— Bon Dieu ! répondit Montaubert, vous m'en demandez plus que je n'en sais, mes bonnes gens. Moi, je n'achète ni ne vends, Dieu merci ! M. le duc de Bourbon était mécontent à ce qu'il paraît. On parle aussi du clergé, pour l'affaire de la constitution. Il y en a qui prétendent que le czar est mêlé à tout cela et veut se faire proclamer roi de France.

 

Ce fut un cri d'horreur. Le baron de Batz proposa son action pour cent écus. A ce moment de panique universelle, Albret, Taranne,  Gironne et Nocé, qui avaient les fonds sociaux, firent un petit achat, et furent signalés aussitôt. On se les montrait au doigt comme une partie carrée d'idiots : ils achetaient. En un clin d'œil, la foule les entoura, les assiégea, les étouffa.

 

— Ne leur dites pas vos nouvelles, fit-on à l'oreille d'Oriol et de Montaubert.

 

Le gros petit traitant avait grand'peine à s'empêcher de rire.

 

— Les pauvres insensés ! murmura-t-il en montrant ses complices d'un geste plein de pitié.

 

— Je suis gentilhomme, mes amis ; je vous ai dit mes nouvelles Gratis pro Déo ; faites-en ce que vous voudrez, je m'en lave les mains.

 

Montaubert, poussant encore plus loin la complaisance, criait aux innocents :

 

— Achetez, mes amis, achetez ! Si ce sont de faux bruits, vous allez faire une magnifique affaire.

 

On signait deux à la fois sur le dos du bossu. Il recevait des deux mains et ne voulait plus que de l'or. Réaliser ! réaliser ! c'était le cri général.  Ce qu'on appelait le pair pour les actions bleues ou petites-filles, c'était cinq mille livres, taux de leur émission, bien que leur valeur nominale ne fût que de mille livres. En vingt minutes, elles tombèrent à quelques centaines de francs. Taranne et ses lieutenants firent rafle. Leurs portefeuilles se gonflèrent comme le sac de cuir d'Esope II, dit Jonas, lequel riait tout tranquillement, et prêtait son dos à ces fiévreuses transactions. Le tour était fait. Oriol et Montaubert disparurent.

 

Bientôt, de toutes parts des gens arrivèrent essoufflés :

 

— M. Law est à son hôtel.

 

— Le jeune roi est aux Tuileries.

 

— Et M. le régent assiste présentement à son déjeuner.

 

— Manœuvre ! manœuvre ! manœuvre !

 

—  Manèfre ! manèfre ! manèfre !  répéta le baron de Batz indigné ; ché fous tisais pien que z'édait tes manèfres.

 

Il y eut des gens qui se pendirent.

 

Sur le coup de deux heures, Albret se présenta pour livrer ses actions vendues au taux de cinq mille cinquante francs. Malgré les gens pendus et ceux qui firent banqueroute en se bornant à s'arracher les cheveux, Albret réalisa encore un fabuleux bénéfice."

 

Féval, Le Bossu page 456 à 458

 

  

 

 

 

  

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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