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26/09/2014

Cette nuit

Cette nuit, à la faveur d'un réveil ennuyeux j'ai repris la lecture de l'Avaleur de sabres de Paul Féval, écrit selon moi en montagnes russes. Pour mieux dire mon sentiment vis à vis de ce texte déroulant son histoire qui finit par interpeler en dépit des niaiseries qui l'encombrent,  je prendrai plutôt l'image de la fripe, où l'on trouve de tout. Des passages gan gnans, voire suspects à force d'esthétiser les personnages de Justin et Gloriette et de montrer les gens autour d'eux, subjugués tels des ahuris et là, on a extirpé de la fripe un vieil habit mité, limite puant mais, alors que la cause semble désespérée selon moi, l'auteur se remet d'aplomb au fil de l'écriture où il se trouvait sur la corde raide prêt à chuter irrémédiablement et prend son envol, sortant son lecteur, en l'occurrence, moi, de l'engourdissement, limite amer, où il m'avait plongée. Réveil de la lectrice par exemple quand il aborde le processus de l'amnésie chez Justine, après que Saladin l'a soustraite à la garde de la nourrice en recourant à des boniments extravagants et qu'il lui a ensuite administré volontairement, sans crier gare, la peur de sa vie. Féval parle aussi de l'obscurité soudaine qui peut se faire dans un autre cerveau humain, celui de Gloriette, abasourdie de stupeur. Par ignorance Gloriette idolâtrait son enfant, et d'un coup le voilà disparu.  D'agaçante, elle devient source de réflexion plus approfondie pour le lecteur. Féval ne livre pas non plus les forains en pâture autant que je le craignais, les forains de Féval plaident leur cause finalement. Échalot parle de leur condition : ils baignent dans un milieu où les enfants du peuple sont souvent mal aimés et maltraités, du coup, ils relativisent le mal qu'ils peuvent faire en adoptant illégitimement un enfant, au moyen d'abord d'un déni et ensuite par le véritable amour qu'ils apportent à l'enfant, qu'il soit monstrueux ou beau, ils finissent par aimer tous les enfants, du moins Échalot, madame Canada et même l'équipe de plus ou moins éclopés qui travaillent avec eux. Les forains de cette histoire chérissent une enfant, qui selon eux, aurait pu sans eux, ne pas recevoir d'amour. Loin d'en faire une Causette, ils en font une princesse.  Ce rapt de Justine, qu'Échalot et madame  Canada ont deviné les montre dans leur lutte pour devenir eux-mêmes plus adultes, c'est-à-dire plus conséquents.  De cette nuance apportée par Féval, une réalité perce quant aux raisonnements possibles de la part de gens dans la précarité ;  l'acceptation d'une réalité comme celle-là donne à réfléchir, lire un auteur sur la corde raide aussi.

09:59 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)