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16/09/2014

Podcast en fin de texte

"Cyrille Canetti, psychiatre, est devenu par passion un médecin exerçant en milieu pénitentiaire et non pas un médecin pénitentiaire. Responsable à Fresne, Fleury Mérogis puis à la Maison d’arrêt de Paris-La Santé (ancien Chef du pôle SPMP), Cyrille Canetti parle avec sensibilité de « l’homocarceralis ». L’évolution de la psychiatrie avec l’ouverture dans les années 70 des asiles fermés est peut être allé trop loin… Le mouvement antipsychiatrique d’alors n’a peut-être pas envisagé toutes les conséquences  de la mise à la rue de ces « fous ». La société n’enferme plus ces fous dans des hôpitaux psychiatriques spécialisés en voie de disparition mais dans les prisons faute de mieux.
55% des détenus ont des troubles  psychologiques de gravité très variable. La médecine pénitentiaire est passée de la tutelle du Ministère de la Justice à celle du Ministère de la santé. Mais dans ce monde carcéral violent (les détenus entre eux, les gardiens et les détenus, les magistrats et les personnes détenues…). comment garder le secret médical, donc la confiance entre soignants et soignés ? Les prisons peuvent-elles être de véritables structures de soin ? Les vertus thérapeutiques de la prison sont valorisées par certains magistrats en cas d’altération du discernement  au  moment des faits reprochés. Ainsi on voit apparaître depuis les lois de 85-86 et 94 moins de non lieu et plus de condamnations lourdes pour les malades mentaux, ce qui constitue pour eux quasiment une double peine. Cyrille Canetti nous rappelle que la    prise en charge sanitaire est soumise à l’accord des patients, confronté à l’automutilation ou à toute autre acte violent (Cyrille Canetti fut pris en otage par un de ses patients). Le temps carcéral est truffé de pièges pour le médecin psychiatre. Développer une consultation extra-carcérale afin de permettre le passage du dedans au dehors et de dépasser la non préparation de la sortie de prison pour les délinquants semble une nécessité pour éviter les suicides dus à cette non adaptation. L’histoire de la folie et de sa prise en compte indiquerait-elle que nous sommes en train de passer du « Surveiller et punir » (titre de l’ouvrage fondamental de Foucault) à punir et soigner autre paradoxe dans lequel on ne peut rester."

 

 

 

Des prisons qui fabriquent des bêtes sauvages ai-je entendu,  lieux torturants sur le plan moral, torture passive. D'autres personnes ou les mêmes au cap suivant, réduites à l'état de légume, d'autres encore que l'on fait sortir mais qui sont incapables de se défendre dehors et n'ont aucune famille ou dont la famille s'est détournée d'eux et qui sont larguées dans ce qui devient alors une jungle pour eux.  Et par ailleurs le consumérisme "des sans tête" si je peux me permettre l'expression. Et avec cela,  une ministre dernièrement qui est allée voir une prison des plus terribles, si je me souviens bien des propos, délabrée, et qui conclut sa visite par le fait "que nous ne pouvons pas nous en passer."  Il n'y a pas d'angélisme qui tienne, quand je parlais de spiritualité, c'est vital pour une société, une spiritualité réelle  rime avec humanité...

Je viens   de consulter un blog , et vois le dessin d'une SDF mendiant quelques sous avec une pancarte "pour la St Valentin". Je pense qu'on ne peut pas rire de tout. Un écrivain célèbre revendiquait l'humour noir l'autre jour à la radio parce qu'il n'était que l'expression de la peur disait-il, et le moyen de l'évacuer... en ce cas il faut souhaiter  aux  adeptes de l'humour noir d'être plus courageux ma foi. 

James Brown

 

It's A Man's, Man's, Man's World

 

This is a man's world, this is a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

You see, man made the cars to take us over the road
Man made the trains to carry heavy loads
Man made electric light to take us out of the dark
Man made the boat for the water, like Noah made the ark

This is a man's, a man's, a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

Man thinks about a little baby girls and a baby boys
Man makes then happy 'cause man makes them toys
And after man has made everything, everything he can
You know that man makes money to buy from other man

This is a man's world
But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

He's lost in the wilderness
He's lost in bitterness

 

La chanson dit que nous sommes dans le monde d'un homme (métaphore pour parler d'un monde capitaliste/ monde d'hommes ?) Celui-ci ne serait rien sans une femme ou une fille, l'homme songe à avoir des bébés filles et garçons, les rend heureux parce qu'il en fait des jouets (gens contents d'être des jouets, surprenant), après qu'il a tout fait, tout ce qu'il peut, vous savez que l'homme fait de l'argent afin d'acheter à l'autre homme. Il est perdu dans le désert, il est perdu dans l'amertume. 

La condition humaine dans le monde d'aujourd'hui en somme.     

14:21 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0)

La veillée

La veillée d'hier soir se passa en compagnie du livre de Paul Féval ;  je fis de beaux rêves ensuite. Ne vous en parlerai pas, ils ne présentaient pas un caractère qui pût intéresser quelqu'un d'autre que moi, mais je mets en partage ici un extrait de Maman Léo (Léocadie Samayoux) ;  voici un aperçu du style de Féval que je considère comme un  écrivain tonique ...  après trente pages de lecture de Maman Léo (dompteuse de profession, du vieux lion invalide, et patronne du cirque où travaille Échalot).  Lequel, père adoptif du bébé Saladin à qui il a fabriqué une prothèse afin de le faire passer pour un hydrocéphale à exposer en foire, fait une pause une fois cette prothèse terminée et l'essayage sur l'enfant concluant :

 

" Ici sa voix s'adoucit jusqu'au murmure, et il glissa un regard attendri vers Mme Samayoux, qui ronflait bruyamment.

— Voilà les mystères du cœur humain ! pensa-t-il tout haut. Quand Saladin a bien pleuré, il s'endort ; et c'est de même chez les dames. Il n'y a pas d'âge ni de sexe qui tienne, faut que les enfants d'Adam se font du chagrin à soi-mêmes, quand les circonstances ne s'y prêtent pas. Y aurait-il un poisson dans l'eau plus heureux que la patronne, si elle n'avait pas l'inconvénient de cette passion-là !

 

Il s'approcha de la table sur la pointe du pied.

Il tenait d'une main son invention, de l'autre un vieux pinceau, déplumé, abandonné au rebut par un des apprentis de l'atelier Cœur d'Acier.

 

Mais ces objets ne faisaient qu'ajouter à l'expressive émotion de son geste, pendant qu'il contemplait, avec une admiration poussée jusqu'à la ferveur, le dos de Mme Samayoux.

 

Celle-ci avait laissé tomber une de ses mains ; comme sa tête restait appuyée sur l'autre main, on voyait le profil perdu de sa face rubiconde et chargée d'embonpoint. Ses cheveux très abondants, mais qui grisonnaient par place, s'échappaient de son madras aux nuances violentes, qui n'était pas de la plus entière fraîcheur.

 

Bien des gens vous diraient qu'à quarante ans passés, un jeune homme, pour employer les expressions d'Échalot quand il parlait de lui-même, ne peut plus avoir les sentiments d'un page.

 

D'autres pourraient penser que Léocadie Samayoux ne réalisait pas exactement l'idée qu'on se fait d'une châtelaine.

 

Et pourtant, je ne vois rien, en dehors des comparaisons chevaleresques, qui puisse donner une idée du culte respectueux, mais ardent, payé par ce pauvre diable à cette grosse bonne femme.

 

Malgré mon habitude de tout dire, j'hésiterais à exprimer là-dessus mon opinion, si elle n'était aussi sincère que mélancolique.

 

La voici :

 

En notre siècle si avisé, peut-être est-il nécessaire de plonger à ces profondeurs pour trouver un dernier vestige de ces niaiseries sublimes qu'on appelait les choses chevaleresques."

 

Paul Féval

 

Va s'ensuivre une déclaration d'amour d'Échalot à sa patronne, Maman Léo, qui tient de la ferveur d'un Don Quichotte envers sa dulcinée du Toboso. Vous la mettrai demain, en partage sur ce blog.