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18/08/2014

Michel Bouquet, Jean Yanne, Monica Vitti

Une fiction : Raison d'Etat, visionnée hier soir,  qui fait froid dans le dos. Toute brillante biologiste qu'elle soit, le personnage de Monica Vitti,  s'entêtant à se solidariser avec son vieil amoureux — journaliste qui tient tête à l'Etat français qu'il accuse de continuer de fabriquer et vendre des armes aux dépends de populations qui les reçoivent sur la tête, tous âges confondus — se fera finalement suicider pour raison d'Etat.

Côté résistance le sentiment d'empathie prédomine, l'adulte n'a pas coupé avec l'adolescence, écoute encore de la musique par exemple. La biologiste, son vieil ami perdu,  veut accomplir à sa place la mission d'information qu'il s'était donné ; en face les protagonistes, desséchés de l'intérieur, sont tenaillés par l'obsession qui semblerait les habiter, de plaire au plus grand nombre avoue le personnage joué par Jean Yanne, qu'ils veulent satisfaire en faisant ce commerce, lequel argumente-t-il dans l'absurde, permettra à la population courtisée de garder son standing habituel. Faux argument rétorque la biologiste qui pense que les motivations des politiques des  Etats  sont plus médiocres encore :  le commerce d'armes selon elle permet aux hommes qu'elle incrimine de se constituer une caisse noire. La candide, profonde et belle biologiste se fera donc suicider au bout du compte, manu militari, avec la complicité de représentants d'autres Etats. Pas d'effets spéciaux, les acteurs gardent la face si l'on peut dire, humaine. Face derrière laquelle la victime pourtant pas née de la dernière pluie, trompée par ce  trésor  d'adolescence candide qui lui reste, n'avait pas soupçonné autant de noirceur. L'horreur que nous montre à souhait les adaptations des œuvres de Stephen King n'égale pas celle que distille Raison d'Etat. Michel Bouquet, pour reconnu qu'il soit à l'unanimité, est néanmoins un acteur virtuose pour de vrai à mon sens.  Et Jean Yanne ! Pas mal non plus !   

Poème trouvé sur le blog  Jupiter Cheval Vert dont l'auteur est le blogueur :

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Si le beau est mort espérons que le reste suive

L'armée des ombres à l'ombre des au revoir

Nous devrions tuer les machines avant qu'elles ne nous tuent

Et détruire les images avant qu'elles ne nous voient

Le matin totalisant l'espoir et le déchet

C'est la nuit qui m'empêche de dormir.

 

Lu ensuite sur le blog Diérèse, un poème de Desnos :

 

"Dans sa préface à « État de veille », Robert Desnos écrit : « Ce n’est pas la poésie, qui doit être libre, c’est le poète ». Son recueil réunissait deux séries de pièces : quelques « couplets » destinés à être mis en musique avaient été écrits en 1942 dans une facture relativement classique inspirée de Nerval et Gongora, tandis que des « poèmes forcés », selon son expression, avaient été composés en deux temps, d’abord lors de séances journalières auxquelles le poète s’astreignit en 1936, puis en 1942 par un travail de réécriture à tête reposée. Quelques-uns de ces poèmes ne sont pas datés, dont « Histoire d’une ours »." DM

"Voici la version définitive de la première strophe :

    

Une ourse fit son entrée dans la ville.

     Elle marchait pesamment

     Et des gouttes d’eau brillaient dans son pelage

     Comme des diamants.

Et celle de la troisième :

    

La foule passait,

     Nul ne la regardait

     Et même on la bousculait

 


Il y aura cependant peu de variantes dans l’édition définitive, où l’on peut lire :

    

Que l’on te pare d’étoiles

     Et que, du fond de leur geôle,

     Les prisonniers te voient passer devant le soupirail

    

     J’entends des pas lourds dans la nuit,

     J’entends des chants, j’entends des cris,

     Les cris, les chants de mes amis.

 

     Leurs pas sont lourds

     Mais quand naîtra le jour

     Naîtront la liberté et l’amour

     …

     Grande Ourse au ciel tu resplendis

     Tandis que j’écoute dans la nuit

     Les cris, les chants de mes amis.

Desnos

 

et enfin je vous gratifie de la photo du jour trouvée dans le Daily Ray, photo de Victoria Morrow prise au Cesar Chavez Park à Berkeley en Californie :

 

 

le héron.jpg

Le Daily Ray de commenter la photo avec une phrase de Maya Angelou : All great achievements require time.

                                                    

 

 

 

 

 

 

09:24 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)