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03/08/2014

Antonin Artaud écrit sur Van Gogh, plus une note sur le film vu ce soir

"« Ce passage de salle en salle, à travers 15 salles, me rappelle justement l’erreur la plus grande de l’humanité qui est de croire devoir entrer dans les cadres et le carcan d’une initiation pour connaître ce qui n’est pas, alors que ce n’est pas et qu’il n’y a rien. / Rien que l’insurrection irrédimée, active,  énergique contre tout ce qui prétend être, à perpétuité. » C’est la lecture d’un article de l’hebdomadaire Art du 31 janvier 1947, consacré à Van Gogh et transmis par Loeb, qui a convaincu Artaud de visiter l’exposition et d’écrire ce qui deviendra Van Gogh le suicidé de la société : un extrait de l’étude du docteur Beer publiée dans l’ouvrage Du Démon de Van Gogh y était reproduit."   

http://www.gallimard.fr/Footer/Ressources/Entretiens-et-d...

 

Film vu ce soir : Ça, une adaptation récente du livre de Stephen King. Contrairement à la pensée optimiste de Kafka quand il dit que la jeunesse a cette capacité que n'ont plus, ou beaucoup moins, les adultes à voir la beauté (j'approuve au regard d'un certain souvenir notamment, où une personne considérée comme "pas forcément plus belle qu'une autre", je la voyais moi enfant, éblouissante de beauté, en raison notamment de son sourire et de son propre regard dans lequel quiconque s'y trouvait enveloppé ne pouvait que se sentir beau à mon sens...  bref, je comprends ce que veut dire Kafka.) contrairement donc à cette pensée optimiste de Kafka concernant le regard des enfants qui voient la beauté là où les adultes ne la voient plus, les enfants du livre Ça de Stephen King décèlent eux, une laideur cachée sous, par exemple,  l'apparente bonhomie d'un clown ; la laideur de l'entité que ces enfants du club autoproclamé "des râtés" perçoivent risque même de les faire mourir de peur, au point que plus tard, l'un de ces anciens enfants, au souvenir de cette laideur découverte brutalement, vision d'horreur absolue,  se suicidera afin de ne pas avoir à s'y confronter une seconde fois alors qu'il est devenu adulte. Le film, adaptation de ce livre, montre assez vite trois gamins infernaux, très violents, plutôt beaux gosses et qui n'ont rien de la candeur qui devrait être inhérente à leur âge, ces trois-là terrorisent les autres, surtout les ados vulnérables de la classe ou de leur entourage proche : l'un qui a un bégaiement, l'autre en surpoids, un autre pour son origine africaine, un autre encore pour son origine juive...  le trio d'enfer semble lié à l'entité monstrueuse, et leurs victimes, qui sont aussi celles que  Ça a choisi de harceler, se constitueront en ce club "des râtés" dont l'un ajoutera que c'est aussi le club des veinards car ces enfants réussissent à établir une magnifique solidarité entre eux. Qui croire Stephen King ou Kafka lorsqu'il est optimiste sur le regard des enfants ? En fait les enfants du roman de King décèlent aussi leur propre beauté d'enfants différents dans leurs  failles diverses en ce qu'ils sont capables de s'aimer les uns les autres outre le fait de s'accepter tels qu'il sont. Le trio infernal, comme Ça, n'acceptent pas quant à eux, ceux qui ont une faille par trop apparente et leur sentiment de supériorité leur donne cette conviction  que la vie de ces "tarés" de quelque manière, ne vaut pas grand chose, sinon rien. Kafka et King se rejoignent sûrement là où ils défendent tous deux les êtres fragilisés par une adversité insurmontable dont le seul recours est la solidarité. J'ai bien aimé le film, ce qu'il véhicule est pourtant trouble pendant longtemps, les enfants naviguant dans les eux très troubles des visions catastrophiques qu'il faut bien affronter un moment en tant que spectateur,  avec forcément littéralement une certaine condescendance vu le sujet qui  fait descendre le public avec eux, au fin fond de ce qu'ils perçoivent d'une certaine entité, qui serait quelque chose comme  la matérialisation du crime gratuit revendiqué.    

 

02:11 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)