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15/04/2014

Humidité de l'air ambiant

J'ai lu ce matin, pour me réchauffer en raison de l'humidité ambiante, la fin de Don Quichotte, ainsi que le prologue de la deuxième partie ; Cervantès dit avoir écrit ces sortes de nouvelles, (qui se succèdent pour le plus grand ravissement des lecteurs), dont son personnage chéri, Don Quichotte, est le héros, afin d'exprimer tout le mal qu'il pense des romans d'aventures concernant les chevaliers errants du moyen-âge, c'est un peu la démarche rationnelle de Flaubert avec Madame Bovary,  auteur qui fustigeait lui aussi, par le biais de Madame Bovary, des romans selon lui à l'eau de rose que celle-ci lisait pour tromper l'ennui, s'alimentant des fantasmes exacerbés de leurs héroïnes.

 
 Cervantès s'est inventé un pseudo pour parler de lui en tant qu'auteur, lequel sonne oriental, Cid Hamed quelque chose si je me souviens bien... cela pour  signifier une empathie certaine pour les orientaux ? doublé d'un faux amour des curés peut-être... car Cervantès est protégé par un aristocrate catholique à qui il ferait allégeance par nécessité ? Hypocrisie incontournable en raison du pouvoir implacable des uns sur leurs sujets .... je me permets de le supputer, peut-être à tort.
 
Je n'ai pas retrouvé ce matin le réconfort des années 90, quand j'avais découvert le roman.  Recommençant ma lecture par la fin, que je trouve  triste et académique,  (Don Quichotte meurt),  cela a dû entraver le déclic bonne humeur.  L'auteur  tient à faire mourir son bien aimé Don Quichotte,  afin de s'assurer qu'un certain mauvais plagiaire lui ayant piqué son personnage pour écrire d'autres aventures de Don Quichotte, ne récidive.  Quelques jours avant sa mort, Don Quichotte retrouve la raison, se rabiboche avec les notables du coin, dont le curé. Evidemment quand Don Quichotte s'attaquait aux moulins à vent,  prenait une paysanne laide pour une noble et belle dame, sa dulcinée du Toboso, une auberge douteuse pour un palais, le lecteur le suivait avec la même affection que l'auteur pour ce personnage, du moins me concernant ; c'était magique et ce,  malgré la cruauté infantile de Cervantès pour la paysanne dulcinée du Toboso ; Sancho Pança le rationnel  pimente encore le récit aussi bien  quand il bascule dans les délires de son maître que lorsqu'il essaie de le ramener à la raison ; ce genre de fiction envoie  de l'oxygène à certains individus de mon espèce ; dans ce monde inventé, à peine teinté de réalité, la folie devient possible, ne cause pas de vrais dommages, elle est douce. Lorsqu'il retrouve la raison, Don Quichotte en meurt fatalement ; le personnage, que celle-ci semble vider de son énergie, reprend son vrai nom en même temps qu'il retrouve son identité du point de vue social, et s'absente définitivement en fustigeant les romans écrits sur les chevaliers errants ; Cervantès a rempli, en apparence seulement selon moi, son contrat,  car le personnage du fou, de cette folie-là, est tellement attachant, que l'auteur n'a pas réussi à dégoûter nombre de lecteurs des chevaliers errants du moyen-âge. Lesquels à mon sens avaient sans doute adopté un genre de vie tout en  poésie, basé sur l'idéal chrétien qui, "normalement", si le message est bien reçu, ne manque pas d'humanité ; la foi engendrait chez certains, à en croire le phénomène de la chevalerie errante, une poésie proche de celle de Merlin  l'enchanteur, une surréalité, qui pouvait on l'imagine  ne pas convenir à tout le monde.  Si l'on en croit Cervantès, d'aucuns, comme son personnage, en concevaient des troubles de l'identité. L'Espagne, carrefour à l'époque des identités musulmane, chrétienne et juive, étaient-ce des sensibilités alors suffisamment différentes pour créer chez un néophyte ce genre de confusion par rapport à la chrétienne par exemple ?
 
Notez bien qu'en soit, une religion peut ne pas être évidente à suivre même pour quelqu'un qui l'a "obtenue" de naissance et désire la garder jusque dans ses rituels quand bien même des choses lui échappent, cela, bien qu'il ne soit pas dans l'urgence mentale d'un désir d'adaptation comme je  suppute ce fut le cas pour certains contemporains de Cervantès.
 
Par exemple, Saint Benoit Labre, qui d'après moult témoignages, était d'une spiritualité remarquable, répondant à ses agresseurs par sa douceur de caractère, avait quand même son petit grain de folie :  il avait décidé de ne pas se laver et avait par conséquent attrapé la vermine ; du coup, par esprit de contradiction, ou parce que beau garçon malgré tout, il fut propulsé bien après son décès, par une hiérarchie qui l'avait mis à mal de son vivant, saint patron des modèles, entre autre. Et là, nous ne sommes pas dans la fiction. 

15:54 Publié dans Note | Lien permanent | Commentaires (0)